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La CFDT demandait depuis longtemps la généralisation d’un 3ème étage de retraite par capitalisation

jeudi 9 janvier 2020, par André Martin

On lit en effet page 46 d’une brochure de 60 pages, datée d’octobre 2008, intitulée « Bon à savoir – Votre future retraite : ce qui va changer »

« 4ème objectif CFDT : généraliser l’épargne retraite collective et solidaire

Aller au-delà d’une stabilisation du taux de remplacement à son niveau actuel semble difficile.
En effet, par construction, la répartition ne peut répondre, seule, au niveau des pensions quand il y a un déséquilibre entre cotisants et pensionnés. C’est le cas aujourd’hui et ce sera le cas demain, puisque ce qui est collecté est immédiatement reversé.

Il faut donc acter que la répartition n’est capable d’assurer qu’un certain niveau de remplacement. Il est donc nécessaire le compléter par une épargne qui ne fonctionne ni sur les mêmes échéances, ni sur les mêmes mécanismes.

L’épargne retraite devient inévitablement un complément indispensable au régime par répartition pour assurer un taux de remplacement correct comme l’ont fait, avant nous, la plupart des autres pays européens.

La CFDT souhaite que l’épargne retraite soit accessible à TOUS quels que soient la taille de l’entreprise et le niveau de salaire. Il ne s’agit donc plus d’une possibilité d’accès à ceux qui le souhaitent mais de la mise en place d’un système généralisé de complément de retraite, partie intégrante des retraites pour l’avenir.

Cet objectif doit permettre de créer un cadre collectif sur l’épargne alors que celle-ci se développe et se gère aujourd’hui principalement de manière individuelle. Cette démarche pourrait être encouragée par des aides fiscales réorientées sur l’épargne collective. »

Adresse du document : http://cfdtcdc.phpnet.org/cfdtcdc/IMG/pdf/BonASavoirRetraitesOCT2008.pdf

On lit également, à la page 10 du dossier « Retraite Mode d’emploi » dans la revue « CFDT Cadres » N°453 d’avril 2013

« La redéfinition de l’architecture de la retraite s’inscrit dans les débats généraux de la CFDT et nous permet de plaider pour une architecture à trois étages avec un premier étage de base obligatoire, fortement redistributif, et un deuxième étage également obligatoire et fortement contributif, ces deux étages étant tous les deux gérés en répartition. Le troisième étage optionnel est négocié dans les entreprises et au niveau interprofessionnel et/ou local pour les plus petites d’entre elles. Ce dernier étage est géré, lui, en capitalisation. Ces positionnements, anciens, sont au cœur des revendications de la CFDT sur la retraite. »

Adresse du document : https://www.cadrescfdt.fr/sites/default/files/revue_cfdt_cadres_453.pdf


Certes, cette demande de la CFDT d’une généralisation d’un 3ème étage de retraite par capitalisation a pu avoir, à une époque lointaine, un (très discutable) début de justification. Du fait qu’au début des années 2000, beaucoup de grandes entreprises avaient commencé à mettre en place ces "3ème étage" de retraite. Au départ c’était mis en place seulement pour les cadres des catégories supérieures. Par exemple, de la Catégorie 3 dans la convention collective de la branche métallurgie. Et la CFDT demandait qu’un maximum de salariés puissent en bénéficier. A noter que les employeurs ont toujours abondé généreusement ces 3ème étage de retraite. Par contre, ils ont toujours argué de leur perte de compétitivité qui découlerait de toute légère augmentation de leur cotisation au régime général et aux régimes complémentaires ARRCO/AGIRC. Trente ans après ils continuent, appuyés par le Premier ministre, de tenir le même discours.

On comprend mieux pourquoi la réforme prévoit le plafonnement de la cotisation retraite de 28% à 120 000 € de salaire annuel , au lieu de 330 000 € actuellement. Mesure qui conduirait à un manque à gagner, pour la retraite par répartition, de près de 4,8 milliards en moyenne annuelle. Soit en cumulé de 2025 à 2040 de plus de 71 milliards d’euros. " ... Chiffrage établi par les services de l’AGIRC-ARRCO !

Il est totalement incompréhensible que la CFDT n’exige pas la suppression de ce plafonnement de la cotisation de 28%. D’autant que Thomas Piketty, proche de la CFDT, le demande aussi.

On remarquera que la direction de la CFDT ne communique guère sur cette demande ancienne de généralisation d’un 3ème étage de retraite par capitalisation ... probablement ignorée par 98 % de ses adhérents ! On comprend qu’elle se garde bien, aujourd’hui, de signaler que c’est grâce à la CFDT que la réforme Macron ouvre grand les portes à la capitalisation.

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Revenons à notre réforme pour un système de retraites « universel », « plus juste », « dont les femmes seront les grandes gagnantes », ...

Aujourd’hui, aucun économiste sérieux, ni aucun syndicaliste sérieux, n’a le moindre doute sur le fait que la réforme Macron/Philippe des retraites aurait deux conséquences gravissimes.

  • à terme, les retraites seraient beaucoup plus basses et inégalitaires qu’aujourd’hui. Même un élève de 3ème comprend qu’une retraite exclusivement à points, calculée sur la totalité de la carrière, sera toujours plus défavorable qu’une retraite calculée sur les 25 meilleures années. La Suède et de l’Allemagne en apportent la confirmation en grandeur nature
  • en 2 ou 3 ans on assisterait en France à l’explosion des fonds de pension. En raison d’abord du plafonnement de la cotisation de 28% à 120 000 € de salaire annuel, au lieu de 330 000 € actuellement. En raison ensuite des incitations fiscales étendues par la récente loi PACTE.

L’énorme erreur commise en 1999 par Nicole Notat et la direction de la CFDT devrait inciter les dirigeants actuels de la CFDT à la prudence. En 1999, la CFDT s’est entêtée, contre l’avis de la CGT et de la CFE-CGC, à soutenir la légalisation du contrat de travail « forfait jours » dans la loi Aubry 2. Aujourd’hui ce sont 4 à 5 millions de salariés, essentiellement les cadres, qui en subissent les multiples et graves conséquences.

Aujourd’hui, Laurent Berger et la direction de la CFDT sont donc au bord, comme leurs prédécesseurs de 1999, de commettre une imprudence aux conséquences incalculables pour les salariés Français. Incalculables aussi, à terme, pour la CFDT elle-même.

Des milliers de responsables et de militants de base de la CFDT en ont conscience. Des dizaines de milliers d’autres vont le comprendre dans les semaines à venir. Il leur appartient d’en convaincre leurs dirigeants. Une course de vitesse est engagée. Vous pouvez les aider, en diffusant aussi largement que possible cette modeste contribution.

Une organisation syndicale peut être qualifiée de "réformiste", à longueur d’antenne et par les forces de droite. Cela ne l’autorise pas à jouer une nouvelle fois avec le feu, comme elle l’a fait en 1999, en s’entêtant à soutenir la légalisation du contrat de travail « forfait jour » dans la loi Aubry 2. Sur une réforme des retraites concernant l’ensemble des Français et à laquelle toutes les autres grandes organisations syndicales sont fermement opposées (CGT, FO, FSU, CFE-CGC et Solidaires).


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